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Actualités > La décade Musset > Colloque « Territoires de Musset - Réalité et fiction »
organisé par Sous la direction scientifique de PRÉSENTATION DU COLLOQUE PAR SYLVAIN LEDDA Musset n’est pas un voyageur. Le suivre pas à pas consiste à sillonner les rues de Paris, à arpenter le Boulevard des Italiens, jusqu’à l’accompagner dans les « cafés tapageurs » et les lieux d’orgies aux lendemains amers. Toutefois, loin de se limiter à cette géographie de dandy parisien, Musset a parcouru d’autres territoires. Frank Lestringant, dans la biographie qu’il lui consacre, décrit ces lieux traversés par le poète. Premiers territoires : ceux de l’enfance. Durant toute sa vie, Musset a gardé la nostalgie de ses vacances passées dans le Vendômois, ou bien chez l’oncle Desherbiers près du Mans. Puis il y a eu l’Italie, Venise, George et les suites d’une passion douloureuse. Et enfin d’autres déplacements plus ponctuels, (à Bade ou à Bury près de Paris chez l’ami Tattet) qui ont dessiné, au fil d’une existence, une carte de vie. Force est de constater que contrairement à ses contemporains romantiques (Gautier et Nerval, par exemple) Musset n’a jamais poussé très loin les frontières. La géographie d’Alfred apparaît néanmoins plus complexe dès lors qu’on explore son oeuvre, ses sources, ses intertextes. Rêvés quand ils ne sont pas éprouvés par l’expérience, les territoires de Musset sont à géométrie variable. L’auteur des Caprices de Marianne n’a pas attendu l’aventure de Venise pour conquérir très jeune l’Italie de sa plume. À l’inverse, les paysages d’enfance affleurent « tardivement » dans la prose des années 1835-1840, comme autant de résurgences filtrées au prisme de l’imaginaire. Dès lors, on peut questionner cette circulation entre les espaces connus et ceux inventés par la fantaisie du poète. Territoires de la réalité et de la fiction se mêlent dans l’oeuvre de Musset et contribuent parfois à brouiller les pistes (volontairement ou non) jusqu’à confondre les lieux d’une oeuvre trop souvent perçus dans la seule perspective biographique. Jusqu’où les territoires de la réalité s’étendent-ils ? Quels rôles tiennent-ils dans la création poétique ? Quand cèdent-ils la place aux espaces de l’imaginaire ? Questions très largement ouvertes puisque les lieux entent la création mussétienne dans une plasticité qui résiste à toute lecture univoque. Ce colloque, organisé sur les lieux de l’enfance de Musset, a pour but de révéler l’influence des territoires parcourus sur l’oeuvre. L’approche est donc à la fois géographique et littéraire. Cette piste invite à relire l’oeuvre de Musset à la lumière des lieux fréquentés durant l’enfance, la jeunesse et la vie adulte. Une telle « invitation au voyage » permet de mesurer l’impact des territoires réels sur l’univers fictionnel. Au-delà, il s’agit de comprendre comment se dessine une esthétique des lieux, spécifique à l’oeuvre de Musset. Confronter la ville à la campagne, par exemple, conduit à questionner la nostalgie de Musset, son goût pour le passé et pour la tradition. Dès lors des interrogations portant sur la symbolique des territoires réels et fictifs invitent tout ensemble à l’exploration d’une oeuvre (poésie, théâtre, prose, essais) et à une avancée nouvelle dans la connaissance de celle-ci.
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